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CATALOGUE D'EXPOSITION
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Nous tenons à exprimer notre gratitude à la Caisse d'Aide à l'Equipement des Collectivités locales (C.A.E.C.I.) laquelle, par un don généreux, a permis l'action déterminante pour améliorer la présentation au public et la conservation des collections du Musée.
Durant
la periode estivale, le Musee Paul-Valery presente une rétrospective
de l'oeuvre du peintre André BLONDEL.
Disparu il y a trente ans, «il nous reste la presence de sa vie, sa
peinture. La voici, audacieuse et tendre, arrachee au temps», comme
le dit son ami Fernand DUFOUR.
D'origine polonaise, apres un long séjour a Paris, traqué par
les nazis, il est contraint à se refugier dans le Midi où avec
une sétoise il fondera son foyer.
Conquis immédiatement par la lumiere mediterranéenne, il nous
en laissera son éclatante perception dans ses paysages du pays d'Aix,
dans ses vues de Sète, ou encore de la campagne audoise.
Doté d'un métier consommé, voué au culte de la
lumiere, il nous donne a voir des ceuvres vigoureuses, toujours harmonisées,
malgré la dureté de certaines juxtapositions et I' absence volontaire
d' un polissage artificiel et où se retrouve toujours la flamme intérieure
du sujet.
Adopté dès son arrivée par les artistes de notre région,
qui se grouperont autour de François DESNOYER, il sera pour beaucoup
un moteur, un exemple, parce qu'à la fois passionné et libre,
il ose, il trace, sans compromission, car si «sa peinture fait penser
aux plus grands, elle ne ressemble à aucun».
Toute une génération de peintres - on a parlé d'école
de Sete - se sont inspirés de ses recherches, de ses tâtonnements,
de ses réussites.
Pour beaucoup, il a été un maître, lui qui était
indifférent aux écoles : «la force du peintre, disait-il,
est dans la liberté de travailler sans l'idée de vouloir plaire
à quelqu'un».
Je suis persuadé que cette rétrospective, chère à
tous ceux qui ont connu la douce mais forte personnalité d'Andre BLONDEL,
sera appréciée par le plus grand nombre de nos contemporains.
Gilbert
MARTELLI
Maire de la Ville de SETE
Conseiller General de l'Hérault
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..."Il y avait dans son regard cette expression directe et quelque peu hagarde de ceux qui ont été traqués et avaient dû se résoudre à vivre dans les bois, sans abandonner leur trésor. Son trésor c'était la lumière dans laquelle il se mouvait".
Michel MAURETTE
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L'importante
rétrospective consacrée par le Musée de la ville de Sète
à I'oeuvre d'André Blondel nous révèle la riche
production de ce peintre accidentellement disparu à I'age de quarante
ans.
Né en Pologne, il étudie à l'ecole des Beaux-Arts de
Cracovie, où il se lie avec un groupe très actif de peintres
d'avant-garde. Ses premières ceuvres révèlent un talent
de coloriste et un souci de I'expression.
Deux sejours à Paris lui permettent d'approfondir sa connaissance de
la peinture classique et surtout de l'impressionnisme et du fauvisme.
Ainsi, au cours de son itinéraire artistique, il tente une synthèse
entre I'expressionnisme de l'Europe Centrale et les diverses tendances de
la peinture française du début du siècle. Sa première
période est illustrée par des autoportraits saisissants, à
la manière noire, des études de nus, et des natures mortes aux
tons sourds ; des portraits, traités par pans de lumière et
d'ombre très marqués, enfin des paysages, grisailles, reflets
de l'atmosphère parisienne.
L'invasion de 1940 oblige Blondel à se réfugier dans le Midi
; il y découvre la lumière intense de la campagne d'Aix-en-Provence,
comme en témoignent des paysages de petit format, construits par la
couleur.
En 1943, il s'installe en Languedoc (Carcassonne, Sète, Salinelles
près de Sommières). Sensible à l'environnement, il peint
des vues très personnelles du port de Sète et du Mont Saint-Clair,
dans ce coloris éclatant que caractérisent des bleus, violets,
des verts sombres, troués de tons chauds, de l'orangé ou du
rouge. A côté, plus terriens, plus ocres, paraissent les paysages
de Carcassonne et les natures mortes de cette période.
Son intérêt est aussi fixe sur sa famille, sa femme et ses deux
enfants Hélène et Marc ; portraits et maternités se succèdent
dans un mode toujours plus expressionniste - déformation extreme des
personnages - avec une orchestration très riche, où la couleur
sortie du tube avoisine les tons surchargés et plombes des mélanges.
Dans les dernières oeuvres peintes en 1949 à Paris et dans sa
banlieue sur de grandes toiles, où la contrainte de la composition
et du modèle traditionnels ne le retient plus, Blondel jette avec fougue
des tons purs cernés par des traits de couleurs vives. La nervosité
de la facture, l'acharnement à superposer les tons, le déchirement
des taches, trahissent l'effort violent de l'artiste pour capter le réel
dans I'instant et le fixer dans la pâte.
Il nous suggère la vision d'un monde baroque où règne
la couleur. Le graphisme coloré qui s'y deploie nous rappelle l'importance
que Blondel attribua toujours au dessin, illustrant l'évolution de
son art de la construction par masses au raccourci d'une simple ligne.
Cette exposition permet d'apprécier les divers aspects de l'oeuvre
de Blondel, qui tout en utilisant les ressources de la peinture moderne, nous
offre sa perception originale de l'espace. Poussé par une exigence
personnelle extrême et un tempérament passionné, il cherche
toujours à renouveler ses moyens d'expression, pour mieux communiquer
son interprétation chaleureuse et vivante de la réalité.
Laissons-lui la parole: « Je ne suis jamais satisfait de mon travail,
tant que je ne le sens pas vivant, aussi vivant que ce qui m'entoure... Une
toile bien faite s'ajoute aux créations de la nature ; elle en est
une, elle-même, à travers l'homme » .
L.P.
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...Il était né peintre. Il possédait d'instinct le sens de la couleur par laquelle s'exprime la vie, il receleit en son âme la passion des grands créateurs.
Michel MAURETTE
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MARC BLONDEL- 2010. Tous droits réservés. All rights reserved.
André
Blondel- 1909-1949 - peintures
Musée Paul Valéry de Sète
Préface de Louis Peyré
Juillet 1979 - 13 pages